•  

    Crues

    (sans a)

     

    Depuis hier, les pluies se déversent sur les collines. Le ciel noir, lourd et si proche semble vouloir enfermer tout le bourg en son sein.
    Impossible de croire que ce déluge puisse cesser.
    Le jour n’existe plus, peut il revenir ? Ce triste temps suspend les heures.
    L’ennui nous ronge, et les minutes s’écoulent bien moins vite que les rus qui se forment sur les prés voisins.
    Nous sommes emprisonnés, en nos demeures cloués, les yeux rivés sur ces cumulus sinistres. Comment pourrions-nous être sereins.
    Ici, tout le monde se souvient du mois précédent. Les rivières en crues firent de nombreuses victimes.
    En moins de cinq heures, les environs devinrent des zones sinistrées. Les émissions météo ne purent rien prévoir. Les jours qui suivirent,  elles présentèrent des excuses bien inutiles. Personne n’est devin.
    Toutefois, en ce jour, nos peurs remplissent les moindres interstices.
    Plus de voitures, plus de téléphone non plus, l’électricité fonctionne encore, pour combien de temps ?
    Petits, nous sommes petits, infimes fourmis surprises d’être si peu de choses.
    Nous les donneurs de leçons, les intelligences suprêmes, les êtres supérieurs.
    Les éléments dévoilent notre supercherie.

     

    Lac

    (sans e)

     

    Aujourd’hui, il sort son sac à dos, tout l’attirail sous son poncho.
    Partir, pour trois jours, il faut un minimum, mais pas trop lourd.
    Il connait un circuit ardu, mais qui va droit au but.
    Tant pis s’il doit souffrir
    Au final, il jouira du panorama divin.
    Du piton blanc, il pourra voir trois lacs d’un coup.
    Diamants à l’abri, trop loin du parcours d’un touring-car, ils sont purs.
    Il gravit pas à pas un raidillon, il sait qu’il a raison, là-haut luit un bijou chatoyant.
    Fourbu, lâchant son barda, il s’accroupit dos au roc.
    Il a fini, il n’y voit plus clair, tant il a contraint son corps.
    Puis, calmant son pouls, il rit.
    Jamais il n’a vu plus parfait, la part du roi pour lui

     

    Le pont

    (sans i)

     

    Sur le pont menant au bourg, les promeneurs s’arrêtent souvent pour regarder l’eau verte et tumultueuse.
    Descendant de la montagne, le courant est fort, des remous se forment sous les arches.
    Le spectacle semble les happer.
    Les enfants comme les adultes restent là, bouche bée.
    Beaucoup d’entre eux demeurent longtemps à contempler les eaux sans prononcer un mot.
    Seul le vent glacé les pousse à rentrer dans le bar au bout de la rue.
    Les cafés et chocolats les réchauffent.
    Et alors les paroles retenues tout ce temps sortent en flots.
    C’est peut être l’âme du fleuve que leurs yeux ont captée.
    Fougueuse, elle refuse l’enfermement. Le barrage cède, alors elle se déverse comme une vague.

     

     

     


    2 commentaires
  •  

    au soir défilent les hiers-crépon

    - humeur labile -

    mon coeur joue cantabile

    comme l'eau noire file sous le pont

     

     

     

     

    découvrez les  autres "Soulpon" , jeu poétique, sur le site Temps pestif de l'association An Amzer

     


    votre commentaire
  •  

    J’avais dans le gosier des hiers griffonnés

     

    Encre  bleu-noir de nuit,

     

     Le cœur en  écritoire,

     

    Des poèmes de suie

     

    Refusant l’étouffoir

     

    J’avais mille casiers de rêves chiffonnés


     

    juillet 2011

     


    2 commentaires
  •  

    Elle me nargue.

    Tous les soirs, elle me nargue.

     

    Face à moi,

    Fièrement droite, sans défaut,

    Pure,

    De cette blancheur immaculée

    Vierge mais effrontée

     

    Ouverte.

     

    Tous les soirs,

    Comme un miroir

    Elle ne reflète que le vide qui m’imprègne

     

    Sans laisser trace

    Sur cette Page blanche.

     

     

     

    Yvette Aroca-Lehre 2010

     


    1 commentaire
  •  

    La brise du printemps

    Aux senteurs parfumées

    Transporte l’amitié

    Et les rires d’enfants

      

    Dans la lourde chaleur

    Un doux souffle de vent

    S’invite par bonheur

    Aux chambres des amants

     

    Aux tempêtes d’automne

    Sous les rafales folles

    Nos amours tourbillonnent

    Et leur couleur s’étiole

     

    Quand la bise d’hiver

    Fend nos cœurs esseulés

    Nos mains emmitouflées

    Se trouvent solitaires

     


    1 commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires