ce matin d'été, les deux petites filles voulaient rester contempler ce bébé aux joues roses et rondes, mais doucement leur papa  a fait leurs tresses, a lavé leurs visages et leurs mains et elles sont parties à l'école, elles ont rêvé dans la cour à leur retour à midi, elles ont traversé les rues chaudes de la ville, le passage de l'empire, plus frais, et sont revenues enfin sur leur terrasse, leur terrain de jeu, où elles pousseront bientôt la petite dans une poussette blanche hors d'âge.... elles lui apprendront leurs jeux imaginaires, leurs rêves, eles lui montreront les lettres, les mots, le ciel si bleu, elles lui diront la mer, là-bas à la Sargale, les ballades à la montagne des Lions, le marché de la rue de la Bastille, les odeurs d'épices et du riz du dimanche, les bombes glacées du coin de la rue, et toutes les trois entendront les vraies bombes et le sifflement des balles dans l'air du soir, là-bas, sur leur terrasse oranaise tout un monde lointain et si proche encore......